Un guide d’application du standard général IFRS sur le reporting de durabilité
Le 19 novembre, la Fondation IFRS a rendu public son guide d’application de l’IFRS S1. Pour rappel, ce standard présente la vision “ISSB” (pour International sustainability standards board) des exigences générales à respecter lorsqu’une entreprise présente son information financière liée à la durabilité.
Ce guide est “conçu pour aider les entreprises dans la tâche fondamentale d'identifier et de publier des informations matérielles sur les risques et opportunités liés à la durabilité qui pourraient raisonnablement influencer leurs flux de trésorerie, leur accès au financement ou leur coût du capital à court, moyen ou long terme”, précise le communiqué de presse.
“Les IFRS S1 expliquent qu'une entreprise dépend à la fois de ressources et de relations - humaines, intellectuelles, financières, naturelles, manufacturées et sociales - tout au long de sa chaîne de valeur, et affecte également ces ressources et relations. Cela peut contribuer à la préservation, à la régénération et au développement, ou à la dégradation et à l'épuisement de ces ressources et de ces relations. Ce sont les dépendances et les impacts d'une entreprise sur ces ressources et ces relations qui peuvent donner lieu à des risques et opportunités en matière de durabilité qui pourraient raisonnablement affecter ses perspectives”, résume la Fondation.
Reporting de durabilité : les plus grandes entreprises sont-elles prêtes ?
Que disent les rapports 2024 sur l’état de préparation des troupes ? Le cabinet d’experts Frank Bold a étudié les rapports extra-financiers 2024 (rapports extra-financiers ou documentation publique publiés par les sociétés) de 100 grandes entreprises actuellement soumises à la directive NFRD. Avant l’entrée en application, l’année prochaine, du reporting de durabilité (introduit par la directive CSRD et les standards ESRS), comment présentent-elles d’ores et déjà cette information ? Le gap à franchir pour se mettre à niveau est-il conséquent ?
L’étude publiée par Frank Bold, au mois de novembre, donne des éléments de réponses et formule plusieurs recommandations. Les entreprises dont l’information a été analysée sont actives dans 5 secteurs dits “critiques” : les textiles, l'énergie, les transports routiers, l’agriculture et la finance. L’étude s'est focalisée sur quatre thèmes clés de l’information de durabilité :
- l’évaluation de la double matérialité,
- les plans de transition climatique et le reporting des émissions de gaz à effet de serre,
- le processus de diligence raisonnable,
- les enjeux de biodiversité.
Plan de transition climatique : c’est encourageant
Près de la moitié des entreprises seraient presque à jour sur l’information à délivrer concernant leurs plans de transition et leurs émissions sur les scopes 1 à 3, avec des objectifs clairs et datés de réduction de ces émissions.
Un manque de détails
Sur les autres sujets majeurs, les résultats sont plus mitigés. Tout d’abord sur le processus de double matérialité mis en place. Les impacts, les risques et les opportunités sont majoritairement révélés de façon trop générique. Cela ne rentre pas assez dans le détail. De plus, très peu d’entreprises reviennent sur les effets de leurs risques matériels ou des impacts sur leur modèle économique, leur stratégie et leur prise de décision. Autre point important, moins d’un tiers des entreprises du panel :
- décrivent la méthodologie appliquée sur l’analyse de matérialité
- et expliquent la manière dont elles sont parvenues concrètement à estimer la matérialité des informations à dévoiler dans leurs rapports.
Attention aux parties prenantes
Seulement sept entreprises expliquent comment elles ont inclus leurs parties prenantes dans le processus d’évaluation de la matérialité. Et moins d’un tiers des sociétés décrivent, de manière claire; leur manière d’engager ces parties prenantes.
Enfin, les enjeux de biodiversité restent peu documentés dans les rapports actuels. Par exemple, seules “onze entreprises ont présenté des informations sur la façon dont elles ont pris en compte la biodiversité dans leurs propres opérations ou leur chaîne de valeur, et cinq ont expliqué, au moins de manière générale, leur dépendance à l’égard de la biodiversité”, note Frank Bold.
Rappelons cependant qu’il n’y a aucune obligation de faire figurer tous ces éléments dans les rapports 2023. L’année prochaine, ce sera une toute autre histoire.