Le but étant de vous proposer des méthodologies les plus simples possibles et des recommandations qui, nous l’espérons, vous faciliteront la tâche. Nous vous expliquerons également tout au long de ces articles pourquoi nous sommes convaincus que cet exercice relève beaucoup plus de la stratégie que du simple reporting. Pour commencer à traiter ce sujet, il faut le définir. Une DPEF, qu’est-ce que c’est ? ou plutôt : qu’est-ce que ce n’est plus vraiment ? Une DPEF, ce n’est pas qu’une contrainte réglementaire. Une DPEF, ce n’est pas qu’un exercice de reporting.
Une DPEF se rapproche davantage d’une démarche
pédagogique, d’implication de vos parties prenantes, d’explication de ce
que vous êtes, de ce que vous faites et voulez faire (pour contribuer
au développement durable), afin que vos lecteurs comprennent votre
démarche d’engagement et sa cohérence. Il faut comprendre la logique
ainsi que la progression de la DPEF, et il faut réfléchir au message que vous souhaitez faire passer, le niveau d’ambition que vous souhaitez prendre, être crédible et transparent. Ainsi, nous allons revenir sur les étapes et les ingrédients qui construisent la DPEF. Pour ma part, c’est quand j’ai compris la logique
et les étapes que j’ai aimé lire les DPEF et accompagner mes clients
dans cette démarche. Voici donc, librement interprété et simplifié à
partir de la réglementation les grandes étapes de la construction de la
DPEF :
1 – Le modèle d’affaire
Tout d’abord, il est important qu’un lecteur lambda puisse comprendre
votre métier de façon simple en lisant votre DPEF. Cela passera par le
modèle d’affaire. Un beau schéma, c’est souvent l’idéal. Que faites-vous
? Quelle est votre chaîne de valeur ? Quelles ressources utilisez-vous et quelles valeurs créez-vous ? Enfin, bien sûr, quels différents produits/services commercialisez-vous et quels sont vos rôles dans les différentes étapes.
C’est également dès cette première partie que vous devez vous interroger sur votre niveau d’ambition et votre maturité. Vous n’êtes pas obligé d’écrire que vous êtes tout en bas du niveau d’engagement, mais n’écrivez pas que vous souhaitez être le meilleur de votre catégorie
si vous savez que vous avez encore des enjeux de conformité à régler.
N’essayez pas non plus de mettre trop en avant une « bonne action » qui
est à côté de votre cœur de métier, quand on s’en rend
compte, vous perdez toute crédibilité. Enfin, ne tombez pas dans le
green, social ou mission-washing, ça se voit !
Toovalu a construit un modèle pour
comprendre et analyser le niveau de maturité des entreprises et
modéliser une sorte de parcours de progression que vous pouvez trouver
ci-dessous. L’objectif n’est pas de vous évaluer, mais de vous positionner
à votre juste place et de progresser. Vous vous doutez que le discours
et la feuille de route d’une entreprise à impact positif ne va pas être
le même qu’une entreprise dont l’objectif en est encore à maîtriser ses
impacts négatifs.
En fonction de votre positionnement, ajustez votre discours, vos priorités et votre plan d’action !
2 – Risques et Enjeux
Une entreprise a la responsabilité d’allouer prioritairement
ses ressources à ce qui est important pour le succès de sa stratégie et
la satisfaction de ses parties prenantes. Il est donc logique qu’elle
fasse un choix pertinent parmi les enjeux de contribution au
développement durable auxquels elle va s’intéresser. C’est notamment
l’exercice de la matrice de matérialité, le sujet de notre prochain
article !
Sans rentrer dans les détails, il est important de comprendre ici quels sont vos grands enjeux,
si vous êtes un fabricant de fenêtres en aluminium, votre impact
principal porte donc sur l’aluminium et ses impacts sur l’ensemble du cycle de vie de vos produits.
Si vous êtes un créateur de produits de beauté naturels, votre
ressource numéro 1, c’est la nature et la biodiversité. Si vous êtes une
structure de services ou de conseil en informatique, votre première
richesse sont les Hommes de votre entreprise et vous devez attirer et garder les talents. Le lecteur doit pouvoir comprendre ces priorités et y croire. Vous serez plus crédible et mieux compris en expliquant quels sont les enjeux prioritaires
et en précisant ensuite toutes les politiques et actions mises en place
pour exceller dans cette démarche. Nous reviendrons sur cette
structuration Axe-Enjeu-Indicateur dans un article dédié.
3 – Les Politiques
Une fois bien compris vos enjeux prioritaires, expliquez ce que vous faites pour vous améliorer sur ces points, et uniquement
sur ces enjeux-là. Ne faites pas une longue liste décousue à la
Prévert, ce n’est ni intéressant à lire, ni convaincant ! Vous pouvez
faire un paragraphe pour les autres actions non prioritaires mais
importantes à vos yeux. Mieux vaut mettre peu d’actions, qui auront du
sens pour vous et pour le lecteur, que d’essayer d’en avoir le plus
possible lors du reporting. Si ça n’a pas de sens pour vous, ça n’aura
pas de sens pour la personne qui vous lira.
Si vous n’êtes qu’au début, dites-le.
Reprenez donc vos enjeux, intégrez-y vos objectifs et engagements,
et expliquez ce que vous mettez en place pour atteindre ces objectifs.
Et si vous n’êtes qu’au début, dites-le. Une politique n’est pas une
liste d’actions mais bien un ensemble d’orientations coordonnées et
convergentes, contributrices de la stratégie. Elle s’inscrit plus sur la
durée. Elle doit être pilotée par une équipe ou des services, et avoir des moyens.. C’est le cadre dans lequel vous allez pouvoir structurer toutes les démarches concrètes de façon cohérente et suivie. Par exemple, vous pouvez avoir une politique climat. Celle-ci va intégrer une démarche d’évaluation (faites votre évaluation carbone avec Toovalu !), puis définir des objectifs, des priorités et des actions…
4 – Actions et indicateurs
Certes, l’exercice de la DPEF implique d’intégrer une liste de vos indicateurs et de votre progression, mais ce n’est pas uniquement cela. Si vous avez défini des objectifs chiffrés, montrez où vous en êtes
et si vous êtes à la hauteur de vos ambitions, ou parfois un peu en
retard. Personne ne peut être parfait partout, c’est bien plus crédible
si vous le montrez en toute simplicité. Cela ne dévalorisera pas votre
démarche bien au contraire, et j’insiste encore une fois sur la
crédibilité, à ce niveau-là et au vu de la complexité des sujets, 100%
de réussite n’est pas crédible où alors c’est vous qui n’êtes pas assez
ambitieux !
Ici encore, priorisez les sujets. Ne mettez pas en avant ceux où vous êtes bons, mais bien ceux qui sont stratégiques
pour vous. La biodiversité n’est pas la priorité du secteur aérien !
L’égalité homme-femme dans le secteur de la cosmétique est rarement la
priorité, l’utilisation de l’eau pour une entreprise de service est
généralement négligeable.
Pour conclure, j’insisterai une dernière fois sur l’intérêt de la sincérité et de l’authenticité
de cet exercice, incarnez-le ! Le mot du président doit être écrit par
lui, le discours passe-partout ne passe plus, il n’est plus temps des
grands poncifs sur l’engagement et les valeurs morales. Montrez que vous
avez compris votre singularité, que vous souhaitez intégrer ces enjeux
au cœur de votre stratégie, que vous avez compris que ce n’était pas un
exercice de style obligé, mais une priorité business. Et dans tous les
cas, appuyez-vous sur vos convictions profondes, et répondez à la
question universelle : « Qu’est-ce qui fera la réussite de mon entreprise dans 5 à 10 ans au-delà de son Bilan et résultats financiers ? »